• 27 / Mar / 2025
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Esclavage moderne : l'autre visage de l'immigration

 

        Un phénomène assez inquiétant qui prend de plus en plus d’ampleur en Afrique est celui de l’immigration vers les pays du Moyen-Orient. En effet, de nombreux africains, souffrant du chômage et du manque d’opportunités professionnels sont séduits par les pétrodollars des pays du Golf, nouvel eldorado de la jeunesse. Femmes de ménage, boys, gardiens, nounous, nourrices, aide à domicile pour personne âgées, les opportunités ne manquent pas et ont toutes cet attrait du travail bien rémunéré qui peut voler en éclat toute logique. En effet, malgré de nombreux témoignages de jeunes et moins jeunes ayant vécu une expérience des plus traumatisantes au moyen-orient, il y a toujours plus de jeunes qui pensent que cela n’arrive qu’aux autres et qui tentent leur chance vers les pays arabes.

       Les campagnes de sensibilisation menées par des ONG ont permis de révéler l’existence de ces femmes et de ces hommes qui pensaient avoir été employés dans le cadre d’un contrat temporaire, et qui en réalité, sont achetées par des familles aisées de l’Arabie Saoudite, du Liban ou des Emirats pour y travailler dans des conditions inhumaines, portant atteinte à la dignité humaine, sans aucune protection, ni de la part de leur pays d’origine, ni de la part du pays hôte.

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      Les témoignages sont poignants, douloureux, semblables à des contes d’une autre époque mais malheureusement bel et bien existants : les travailleurs sont contactés par des agences de placement qui leur font une description idéaliste du travail qui les attend, en moyenne un salaire de 200 dollars par mois leur est promis en plus des frais de voyage parfois entièrement pris en charge par l’agence (ceci devrait suffire à se méfier pour le commun des mortels). Les annonces pullulent aussi sur le net et même sur certaines chaines de télévision. Certaines agences vont jusqu'à faire signer des contrats pour rassurer leur future victime. Ces fameux contrats, rédigés en arabe ou en anglais sont signés sans pour autant avoir été compris, les travailleurs ne parlant pas ces langues. A leur arrivée dans le pays hôte, leurs passeports sont systématiquement confisqués par la famille d’accueil, en excuse des prétextes fallacieux afin de priver le travailleur de la possibilité de se déplacer ou de s’enfuir. A partir de là, le cauchemar commence.

   Les maltraitances sont quasi quotidiennes, humiliantes, cruelles et parfois sans aucun motif : exploitation, horaires impossibles, séquestration, menaces de mort, coups, humiliations, brûlures, sévices sexuels, et salaires impayés. A cela s'ajoutent de nombreux cas de disparitions d'hommes et de femmes qui, après avoir quitté leurs famille avec une promesse d'une vie meilleure, ne donne plus aucunes nouvelles et malgré les efforts des proches dans le pays d'origine, on n'entend plus parler de ces personnes et à ce jour, il est impossible de savoir ce qu'elles sont devenues à cause du mutisme des autorités. Ces travailleuses car, il s’agit le plus souvent de femmes témoignent d’une horreur sans nom. Dans une maison où plusieurs chambres sont inoccupées, elles sont obligées de dormir dehors ou devant la porte d’entrée de l’appartement. Lorsque les employeurs sont de sortie, ils enferment tout simplement leur employée à l’intérieur sans plus de scrupules. Elles n’ont pas le droit de sortir encore moins de parler à leur famille ou de tenter de rentrer dans leur pays d’origine.

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    Même malades, elles sont forcées à travailler et parfois jusqu'à 22h par jour. Ce n’est qu’en cas de maladie grave, qu’elles sont renvoyées dans leur pays d’origine, à leurs frais et sans leurs arriérés de salaire.

      Certaines sont mal nourries, affamées exprès, aspergées d’acides, brûlées, fouettées, des tortures incessantes et qui laissent de graves stigmates, tant physiques que psychologiques : chaque année, une centaine d’employées se suicident au Liban. Il arrive aussi que les maltraitances aient une issue fatale, comme dans le cas de cette jeune Malgache dont le cadavre décharné a été rapatrié d’Arabie Saoudite en 2014.



   Cette pratique devenue de plus en plus fréquente relève tout simplement de l’esclavage moderne et n’est pas exclusive à cette partie du globe car elle existe aussi aux Etats-Unis, en France, en Angleterre pour ne citer que cela mais aussi en Afrique. Elle est dénoncée par des organismes de défense des droits de l’homme et les associations de femmes qui essaient de plus en plus d’alerter l’opinion publique et les politiques sur les dangers de cette immigration. Longtemps restées invisibles, ces femmes sont de plus en plus nombreuses à réclamer leurs droits et à dénoncer les abus auxquels elles sont confrontées. Elles disposent depuis environ sept ans d’une convention internationale de L’OIT (Organisation Internationale du Travail) consacrée à la protection de leurs droits : la convention 189 concernant le travail décent pour les travailleuses et travailleurs domestiques. Selon l’association Actionaid, cet instrument international majeur n’a cependant été ratifié que par 24 États, c’est-à-dire à peine plus de 10% des États.

    L’an dernier, en raison du meurtre d’une Koweïtienne par sa domestique d’origine Éthiopienne, le Koweït avait rapatrié plus de 13000 travailleurs domestiques immigrés dont plus de 2000 Éthiopiens et banni l’immigration éthiopienne dans leur pays, montrant de poids inférieur à leur yeux du sort de centaines de milliers d’étrangers immigrés par rapport à un seul de leur nationaux.

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     Il s’agit donc de mettre en avant le problème de cette immigration ainsi que de faire parler les victimes afin que leurs témoignages, à défaut de dissuader les travailleurs d’immigrer vers ces pays, aide les gouvernements à instaurer une vigilance quant au sort de leurs ressortissants en plus d’une collaboration ferme entre les pays concernés dans le but d’éviter tout débordement.

Monica Kalla-Lobé.