Née en en
1920 à Kabrousse
en Casamance,
une région du Sud du Sénégal, Aline Sitoe Diatta a une courte vie pleine
d’histoires. Ses parents étaient Silisia Diatta et Assonelo Diatta, mais elle
est élevée par son oncle paternel Elaballin Diatta à la mort de son père.
Voulant être indépendante, elle se rend à Ziguinchor pour travailler comme
docker. Durant la saison sèche, elle migre sur Dakar et y trouve un emploi de
bonne à tout faire. C’est à Dakar, comme une prophétesse, qu’elle a la
révélation de sa mission de libérer son peuple de l’administration coloniale,
par des voix quasi-divines. Au début, elle ne voulait pas suivre ces voix mais
elle décide plus tard de se conformer à ces voix et de revenir en Casamance.
Elle y entraîne la population dans un mouvement de désobéissance civile.
C’est à Dakar
qu’Aline Sitoé va recevoir ses révélations qui ont commencé en 1941. La
première se produisit en 1941 au marché Sandaga où des génies lui prirent par
la main, la conduisirent face à la mer et lui dirent : « Nous sommes
envoyés par Dieu auprès de toi. Il faut faire comprendre aux hommes qu’ils
doivent faire la « charité » que nous t’indiquons. Ainsi ils auront
la pluie ». C’est le début d’un parcours royal.
Elle doit
quitter Dakar pour aller mettre en pratique la parole divine. Ce fut un
contexte où la population sénégalaise en général, casamançaise en particulier,
souffrait de la mauvaise saison des pluies. Celles-ci tardaient à arroser les
champs. Et puisque la Casamance et la Basse Casamance en particulier est
tributaire de l’eau de pluies pour les cultures, on comprend pourquoi la
question est importante.
A Kabrousse, elle s’installa à Mossor au bord de la mer. Un beau matin, elle
réunit le village et leur annonça que
chaque année, il devrait faire la charité d’un bœuf noir pour obtenir la pluie.
Pour mieux
coordonner son action de prêtresse et l’accomplir en respectant la volonté
divine déclinée à Dakar, Aline Sitoé crée des associations féminines dont les
cheftaines sont élues démocratiquement. Non seulement au sein de la communauté DIOLA,
mais aussi au sein des autres communautés habitant la Basse-Casamance
Mais cela ne
signifie pas que les hommes sont marginalisés. Ils ont été au cœur de son
action. Ce qui fera écrire à Jean Girard que non seulement elle fut le guide du
monde féminin, mais de la population diola, baynunk, mancagne, manjak tant masculin que féminin, appartenant
au bukut, au kahat, à l’islam et au christianisme’.
Puisque la ‘charité’ qu’elle ordonna apporta de la pluie aux populations, cela
lui donne une certaine autorité. Grace à cela, elle fut ‘reconnue, acceptée par
chaque collectivité villageoise, plébiscitée par les délégations apportant
leurs offrandes au sacrifice commun’.
Excellente stratège et habile tacticienne, elle en profitait pour agir et
‘modifier la coutume, en créant de nouvelles obligations et interdits et
surtout orienter la tendance culturelle diola vers une nouvelle vision
cosmogonique. Elle fut suivie, aimée et non redoutée ; c’est là le fait
remarquable qui se dégage de l’ensemble des témoignages. Un langage neuf d’émancipation,
aspirant à la paix, à l’amour et à la miséricorde emporta les champs baliba’, répond
Jean Girard, dans son ouvrage.
Pourtant, cet
appel à la paix, à l’amour et à la miséricorde n’a pas empêché que la reine de
Kabrousse soit victime de la barbarie coloniale. Peut être parce que cette paix
n’arrangeait pas les blancs ? En tout cas cette paix ne s’est pas
transformée en sa faveur.
Les explications peuvent se tourner autour de cette cause : cette femme
meneuse d'hommes entraîne toute la basse Casamance dans la désobéissance civile
face à l'oppression française. Elle est à l'origine de véritables mouvements de
révolte en Casamance en disant notamment aux paysans casamançais d'arrêter les
cultures commerciales dictées par les colons au profit des cultures vivrières.
Alors, considérée comme potentiellement dangereuse elle est alors jugée par
l'administration coloniale et déportée à Tombouctou au Mali où elle meurt en
1944 à l'âge de 24 ans.
La reine de
Cabrousse, Aline Sitoé Diatta, n’avait
qu’une seule fille Seynabou Gnawless Anne Marie Diatta. Elle a malheureusement
répondu à l'appel de Dieu et de ses ancêtres récemment.
Plus aucune descendance d’Aline Sitoe. Il ne reste plus d’héritage de la reine
à part les hommages .
LES HOMMAGES RENDUS A LA BATTANTE
L’un des bateaux qui relie Dakar- Ziguinchor
porte le nom de la reine de Cabrousse
LIAISON MARITIME ALINE SITOE DIATTA
Le stade
de Ziguinchor porte son nom STADE ALINE SITOE DIATTA
Le lycée de
Cabrousse porte son nom LYCEE ALINE SITOE DIATTA
Des associations, des ONG, des fondations etc.
Chapeau à cette jeune dame de fer qui a sacrifié sa vie pour le bonheur, la paix et la stabilité de son pays. Elle ne s’est jamais laissée apeurée et importunée par la pression coloniale malgré son emprisonnement qui a conduit à sa mort prématurée (24ans) en 1944.
NDEYE PENDA
DIALLO