• 27 / Mar / 2025
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Allier Foyer et Etudes: Quand la belle-famille constitue un frein

La vie de couple n’est pas aussi facile qu’on pourrait le penser, car il y’a certainement beaucoup de chose à prendre en considération. C’est aussi une nouvelle étape de la vie d’une jeune fille qui une fois dans les liens du mariage devra faire des pieds et des mains pour satisfaire l’ensemble des individus présent dans sa nouvelle demeure : celle de son mari. Il y’a une belle famille à supporter, de nouveaux engagements à honorer et une bénédiction à gagner si bien sûr il s’agit d’une belle famille respectant les coutumes socio-culturelles de l’Afrique traditionnelle. Malheureusement à cause de tous ses facteurs qui rentrent en ligne de mire, certaines femmes mariées ne peuvent plus allier études et foyer. Pour en connaitre quelques peu des causes qui ont poussé celles-ci hors des salles de classes,  ma féminité a fait un tour chez certaines d’entre elles.

Malgré l’évolution des temps et la modernisation, certaines traditions sont demeurées intacte. Parmi celles-ci, une des plus courantes afflige à la femme, la responsabilité de supporter l’ensemble des caprices de la famille de son époux. En Afrique, c’est  important d’avoir la bénédiction de son époux et de l’ensemble de sa famille. Cet état de fait a fait basculer la vie de plusieurs jeunes filles qui une fois marié sont obligés de délaisser cahiers et salle de classe pour aller à la chasse du bonheur de sa nouvelle famille.

Trouvée dans sa maison, Oumy vaque à ses occupations de la journée. Elégante dans sa tenue, la dame dépoussière les meubles  de sa maison avant le réveil de sa belle maman qui y prend son petit déjeuner. Mariée depuis presque 6 ans à sa moitié, elle reconnait avoir quitté l’école à cause de la pression de sa belle-mère. « Elle ne cessait de me répéter durant mes premières années de mariage quand je revenais des cours, que ma priorité devait être elle et son fils. Bien sûr au début je ne l’écoutais pas mais elle m’a fait vite comprendre que soit j’arrêtais les cours soit elle se chargerait d’écourter mon jour auprès de son unique fils. 2 ans après, toutes ces tensions entre elle, moi et mon mari, j’ai décidé d’arrêter pour le bien de tous et de me consacrer entièrement à mon mariage comme elle le souhaitait » confesse Mme Sissoko.

Certaines comme Khoudia trouvent Oumy bien chanceuse pour avoir eu qu’à affronter sa belle-mère. En effet pour cette jeune d’à peine 25 ans, c’est toute une famille et un mari qui lui ont mis la pression. « Je n’avais que 22 ans quand je me suis liée à mon mari et j’étais en deuxième année de licence mais malheureusement ils se sont chargés d’écourter mes études à ce stade, bien avant l’obtention de ma licence. » Regrette-t-elle. Pourtant Oumy n’est pas ignorante du fait que les diplômes universitaires, en dehors de l’entrepreneuriat sont le seul moyen de s’en sortir dans un monde ou les diplômes sont la présomption de connaissance. "Je suis bien consciente que mon avenir est en jeu mais je ne pouvais continuer à supporter les piques, les actes désagréables et le comportement puéril de ma belle-famille et de mon mari juste par ce que j’avais décidé de continuer mes études. J’ai été contrainte de mettre un terme à mes études, car personne dans ma nouvelle famille ne m’a soutenu pour que je puisse continuer. Mes parents ne cessaient eux aussi de me répéter que mon mariage était prioritaire. » Déclare Mme Sy.

Aissatou Sylla quant à elle avait choisi l’entêtement pour pouvoir continuer ses études. Cela lui avait couté son premier divorce. « Je suis mariée depuis presque 19 ans. J’étais très jeune quand on m’avait donné en mariage à mon cousin qui vit dans une famille très conservatrice des anciennes valeurs de la société africaine d’antan ». Aissatou est pourtant titulaire d’une licence en marketing et communication mais se désole du fait de ne pas avoir réussi à poursuivre jusqu’à l’obtention de son master 2. « Lorsque j’ai rejoint le domicile conjugal, ma belle-famille m’avait recommandé à l’unanimité d’arrêter mes études ce que j’ai refusé d’exécuter pendant trois années jusqu’à l’obtention de mon diplôme de licence. J’ai voulu continuer à faire la sourde oreille sur les nombreuses plaintes de mon mari et de sa famille pour avancer jusqu’à mon master mais mon mari m’a de suite répudier pour lui avoir désobéit pendant plus de trois années. Mes parents ont négocié avec ma belle-famille jusqu’à ce qu’ils acceptent de me reprendre comme belle fille mais la condition était que j’arrête les études. Aujourd’hui je suis coincée ici avec une licence qui ne me sert pas à grand-chose puisque je ne travaille pas non plus. » Se désole Aïssatou.

Les belles filles pointent du doigt les belles mères et leurs familles d’être à l’ origine de l’arrêt de leurs études, celles-ci à leurs tours se targuent d’avoir raison sur certains points, du moins c’est l’avis de Mame Salimata Cissé une dame de 67 ans assise devant sa demeure à la cité Asecna. Cette dame manifeste clairement son dégout à l’encontre des femmes mariées qui font des études une priorité sur le mariage et n’hésite à le clamer haut et fort « le devoir d’une femme mariée est de rester chez elle et de s’occuper de sa nouvelle famille. Je suis contre celles qui préfèrent aller se dandiner comme des canards à l’école en laissant leurs maisons et leurs maris chez elle ; c’est tout simplement scandaleux. » S’offusque cette belle mère de 2 belles filles qui ont toutes les deux arrêté leurs études à sa demande.

Il est plus qu’évident que les facteurs à l’ origine de l’arrêt des études de certaines femmes sont relativement considérables, mais les conflits et la pression de la famille en demeure une des plus flagrante. Dans une société traditionnelle comme la nôtre le mariage est et restera la priorité aux yeux de la plupart des belles familles. Cet état de fait soulève mille et une interrogations mais toujours est-il que les réponses sont des plus diverses.


Aissata Ndiaye