Consciente de l'importance de la consommation des fruits et légumes, Oumou
Sy Diop à décider de se consacrer à leurs transformations pour faire bénéficier
aux enfants ces vertus et de faire gagner du temps et de l'argent aux parents.
Découvrez à travers cette interview accordée à la Rédaction une femme actrice
du changement.
Qui est Oumou Diop SY ?
Je suis une femme sénégalaise, amoureuse de son continent et de son peuple. J’aime voir mes concitoyens réussir et réaliser de belles choses au profit des communautés. Ce qui explique au-delà de mon engagement en entreprise, mes diverses activités dans le social et les mouvements citoyens. J’ai travaillé pendant près de 15 ans autant en secteur privé que dans des projets et programmes de développement axés sur l’appui aux entreprises et aux structures d’appui orientées PME, l'entrepreneuriat, le coaching et aujourd’hui je réalise un rêve que j’ai depuis que j’ai commencé à la diversification alimentaire de mon aînée, et qui consistait à développer des produits axés sur les produits locaux à valoriser dans l’alimentation des enfants à travers des compotes de fruits et des biscuits céréaliers; la vision étant d’en faire les goûters préférés de nos enfants au Sénégal et partout en Afrique. Tuti Tuti a donc été créée et offre sur le marché des produits ciblant à la fois les enfants et les adultes.
Pourquoi
avoir choisi d’entreprendre dans ce domaine ?
Pour moi, il était incompréhensible qu’en tant que maman je ne puisse pas
trouver sur le marché local des produits, des petits pots, des desserts qui
soient faits à base de fruits et légumes locaux pour mes enfants. Cela était
d’autant plus étonnant que je connaissais assez bien les vertus associées à nos
fruits locaux. Alors je les préparais moi-même, et ai pris goût à cela. A
un moment, je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose pour changer la
donne, et permettre ainsi à nos populations de profiter des vertus de leurs
produits locaux pour elles-mêmes comme pour leurs enfants en proposant une
nouvelle offre de produits, différente donc de ce qu’on voyait sur le marché en
l'occurrence principalement, les jus, confitures et sirops que vous savez
parfois très sucrés.
J’ai ainsi développé toute une gamme de compotes allégée en sucres qui fait
actuellement le bonheur de beaucoup d’enfants et bien des parents. Les parfums
sont multiples et variés allant de la compote de Ditakh, au Bouye, à la Mangue,
le Madd etc. Des biscuits céréaliers ont ensuite vu le jour pour compléter
notre gamme et bientôt de nouveaux produits seront développés avec toujours
cette option d’intégrer nos produits locaux et de montrer que nombreuses sont
les applications qu’on peut en faire, et savoureux, les mix à créer pour
toucher une clientèle en plus en plus large, ouverte et intéressée aux saveurs
nouvelles.
Quels
sont vos objectifs à moyen et long terme ?
A moyen terme nous comptons développer des gammes complètes de produits sur
le segment Desserts/Goûters et substituer progressivement nos produits à ceux
qui sont importés à outrance dans des conditions parfois peu maitrisées. Nous
allons ainsi contribuer significativement à renforcer l’atout santé associé à
nos produits au profit de nos clients dans le cadre de leur alimentation et
surtout participer au développement économique et social de notre pays en
réduisant les pertes post récoltes et apporter des revenus
complémentaires aux femmes et hommes producteurs sur toute l’étendue du
territoire.
Quels
sont les obstacles rencontrés et vos besoins en tant qu’entrepreneure ?
Je trouve que l’environnement des affaires au Sénégal est encore très peu
favorable pour les entreprises en phase de création ou dans leurs deux
premières années d’existence ; Au-delà des procédures administratives qui sont
assez nombreuses, compliquées et qui pourraient largement être facilitées pour
l’entrepreneur en usant par exemple des bénéfices du digital et des prestations
en ligne, je trouve que les appuis sont épars et peu stratégiques. Les outils
qui sont mis à la disposition des PME et qui peuvent s'avérer intéressants pour
une entreprise, présentent souvent des conditions d’accès qui vous bloquent si
vous êtes en création et que vous n’avez pas encore eu d’états financiers sur
une certaine durée. Il faut à mon avis que les structures d’appui se posent et
réfléchissent ensemble à comment renforcer les PME avec comme objectif de créer
un impact durable et significatif. Il ne s'agit pas de créer une entreprise en
48h mais de s’assurer que l’entreprise créée, vive et survive face aux nombreux
défis qui se posent à elle au quotidien. D’autre part, il faudrait
impérativement que l’entreprise sénégalaise soit favorisée face à celles qui
s'installent en masse et jouissant souvent de statuts particuliers avantageux
au travers de réformes pertinentes. Des efforts sont en train d’être faits mais
à poursuivre.
Concilier
vie professionnelle et vie privée, comment vous vivez cette expérience ?
Je ne cache pas que c’est assez difficile en tant que mère de concilier les
deux. Mais je me rends compte de plus en plus que c’est aussi une question
d’organisation, de responsabilisation et de délégation. Quand on connait ses
limites et qu’on les reconnait, tout devient plus simple à gérer. Le défi c’est
de trouver les bonnes RH qui croient aussi en ton projet et qui sont en mesure
de s’investir dessus.
Des
conseils aux femmes entrepreneures et aux porteuses de projet ?
De croire en elles et de s’armer de positivisme. Ma philosophie en ce
qui me concerne, c’est de regarder les défis/obstacles comme des
opportunités, une occasion d’ouvrir ses yeux sur les perspectives peu évidentes
de prime abord!
Un mot pour ma féminité ?
Bravo pour l’excellent travail que vous faites pour valoriser les pépites
africaines, toutes ces femmes battantes qui sont des acteurs incontournables
pour le développement du continent, ses avancées et son progrès. Longue vie à
Ma féminité !